Adrien Jutard est né en 1979 dans l’Allier. Il entreprend des études d’arts plastiques, au « petit collège », à Lyon puis aux « arts-déco » à Strasbourg (diplômé en 2002). Il quitte la France pour la région bâloise. Là, il poursuit des études dans un cours privé de peinture et entreprend des recherches avec un langage pictural non-figuratif. Dès 2006 il expose régulièrement seul ou en groupe. En 2009 il gagne le concours « Art et Bâtiment » et réalise sa première sculpture monumentale. Il acquiert ainsi officiellement le statut suisse d’artiste indépendant. Il obtient également un prix cantonal en 2011. En 2016 il expose à l’université de Lausanne. Depuis 2011 il présente ses expériences colorées avec une technique qu’il a mise au point pour lier directement les pigments dans des couches de résine ultra brillante. C’est la troisième exposition à la galerie Valérie Eymeric à Lyon. Pour Art Basel 2021 il débute une nouvelle collaboration avec une galerie bâloise. Il poursuit donc son ascension. Félicitations!!
Le travail récent d'Adrien Jutard est une sorte de retour à son vocabulaire primaire.
Jusque dans les années 2010, l'artiste a développé un langage sur deux axes qui se mêlaient. Un dessin très affirmé, très dur, à la ligne claire au fusain quand bien les formes sont éclatées, cabossées, imparfaites dans les sens où elles participent toutes d'une recherche. A côté de cela, il a développé son langage très personnel de la couleur, par l'enfermement de pigments purs dilués entre des couches solidifiées de résine. La couleur demeure presque figée à l'état liquide, c'est à dire vivante et d'une profondeur incomparable. Les deux expressions se sont fortement bien mêlées et entendues autour de 2015 avant que la couleur ne l'emporte et engloutisse peu à peu le dessin. La forme demeurait, elle était pleine, diverse, complexe, mais le fusain se faisait de plus en plus rare, moins visible. Les couleurs aussi étaient plus nombreuses, brutales, agressives.
L'exposition actuelle est ainsi marquée par un retour en force de la ligne, dansante ou arachnéenne, elle trace des courbes qui sont autant de crânes, d'embryons, de pierres philosophales. La couleur derrière n'a jamais été aussi profonde mais on la sent canalisée, méditative. Le geste parfois, comme une volonté de tout contredire, vient barrer la route et tente de brouiller l'unité.
La série comprend de nombreux travaux sur papier, un support délaissé par l'artiste aussi depuis longtemps. C'est une marque supplémentaire d'un retour aux basiques, aux gammes.
Yves Guignard
Dr en histoire de l'art