Nouveau souffle | Jade Fenu

L’artiste cherche à réconcilier en permanence tout au long de la composition une forme d’expression initialement vierge de toute caractérisation préalable et une intentionnalité beaucoup plus personnelle. Il s’arrête lorsque le tableau trouve son autonomie et qu’il lui permet de saisir une autre réalité que la sienne.

Dans ce processus, il doit trouver comment lâcher prise pour laisser advenir des erreurs, des accidents de parcours, qui vont d’abord le déstabiliser, le faire douter, l’amener dans des voies qui semblent sans issue. Mais ces apories sont finalement autant d’opportunités qui s’ouvrent à lui pour emprunter de nouvelles directions. Comme dans une suite d’embranchements que l’on ne voit pas venir, c’est alors à Jade Fenu de choisir le chemin qu’il veut suivre, transformer la déveine en revendication, faire du sacrifice d’une couche de peinture l’humus de la suivante, l’histoire et l’énergie de chacune restant alors indissociables. L’équilibre s’établit inexorablement entre ce qui apparaît et ce qui disparaît. De ce « bio-mimétisme » entre l’art et la nature découlent les thèmes récurrents de son travail. L’infinité et l’infinitude d’une nature abstractisée illustrent paradoxalement notre condition humaine : adaptation, évolution, transformation, et même mutation de nos identités, individuelles et collectives. Des notions telles que la survie, la dualité, le rapport de force se confrontent et se superposent dans un seul et même espace visuel.