EFFROYABLES JARDINS #10
Ghazale Bahiraie
« L’éclosion, une danse éblouissante, une symphonie de lumière et de couleurs, un chaos organisé défiant l’obscurité.
Une fleur de feu s’épanouit entre la terre et le ciel, hypnotisant tous ceux qui l’observent de loin. Vue de cette distance, elle semble poétique, sublime, presque divine. L’immensité de la scène fascine, comme si l’univers lui-même s’étirait, éclatant en une œuvre d’art.
Mais en s’approchant ? Le charme s’effrite. Dans ces œuvres brodées de lumière, l’illusion d’une beauté lointaine se mue en une vérité brutale. Les fils délicats qui tissent cette toile visuelle ne cherchent pas à séduire. Ce qui paraissait extraordinaire révèle son véritable visage : celui d’un théâtre de tragédies.
L’éclat aveuglant devient cendres, fumée et hurlements. Les fragments dispersés dans les airs ne sont pas des étoiles, mais des morceaux d’histoires humaines brisées : des enfants, des femmes, des hommes, des civils. Ce qui semblait une œuvre sublime s’avère être un désastre, tissé dans la chair et le sang.
Là où l’œil rêvait de beauté, il découvre la douleur. Des vies réduites en ruines, des rêves balayés par une onde de choc.
Chaque éclat devient un cri, chaque étincelle un souvenir qui s’éteint. Ce qui, de loin, semblait grandiose est, de près, une blessure béante. Une vérité insoutenable : Effroyables Jardins n’est pas une série d’œuvres d’art, mais le miroir cruel de la fragilité humaine.
Et pourtant, l’humanité continue d’observer de loin, fascinée par la lumière, ignorant la noirceur qu’elle dissimule. » Ali JAFARI